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Hollywood upside down, photographie et caisson lumineux, 70x100cm, 2011. 

J'interroge, dans ma pratique, le potentiel narratif des images fixes et des images en mouvement. Un renversement s'opère : dans mon travail photographique, une histoire est suggérée hors champ, comme s’il s’agissait d’arrêts sur image de films qui n’existent pas. L’effet de mise en scène n’est pourtant qu’une trouvaille dans le réel, je suis alors saisie par l’aspect cinématographique d’une “scène” qui se joue devant moi.

A contrario, dans mon usage de la vidéo, au lieu d’une histoire qui se déroule grâce au défilement des images, il y a un mouvement circulaire qui enroule l’image sur elle-même et une boucle qui empêche la narration. La pulsion de vie est déplacée aux objets qui, dans la répétition du mouvement, viennent hypnotiser le spectateur. La vidéo fait écran, elle ne dit rien. C’est bien la mise en mouvement de l’imagination, plus que le mouvement des images elles-mêmes, qui participe à la construction d’un récit.

 

Cette clôture de l’image, je l’ai par la suite cherché dans la composition de mes photographies : perte de repères spatiaux, fonctionnement en circuit fermé, pas de profondeur de champ. Les lignes de fuite dans l’image créent un espace quadrillé qui vient enfermer le sujet photographié.

Je cherche, finalement, à faire sentir ce qui nous traverse, sans passer par le récit : des moments suspendus dans le flux du réel, où les enfants sont traversés par le souvenir, les sujets absorbés par leurs pensées intérieures et les spectateurs actifs face à ces “images pensives” (dont parle Rancière dans son ouvrage Le spectateur émancipé). Toutes ces ellipses, ces manques diégétiques, ces silences, laissent un espace libre que le spectateur peut investir de sens.

Mon travail se présente sous forme d’installation immersive, délimitée par un espace sonore dans lequel la frontière entre animé et inanimé, images fixes et images en mouvement est si ténue que l’on y sent les photographies soupirer et les vidéos retenir leur souffle. Désillusion, temporalités mêlées, émancipation, mémoire et disparition sont des thèmes que j’explore également dans mes films, qu’il s’agisse de drame réaliste ou de documentaire de création.

Mes projets en cours explorent des photographies stockées dans mes disques durs, en attente. Qu’ont à nous raconter ces images restées muettes ? J’expérimente leur potentiel d’apparition, de révélation. Les archives deviennent alors des fantômes qui surgissent de ces boîtes noires pour éclairer notre présent.

Hollywood upside down, photographie, 2011

Hollywood upside down, photographie, 2011

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